Martin arrête sa carrière en WRC (09/01/2006)
Rallye. Suite à l'accident dans lequel est décédé son équipier
BRUXELLES Âgé d'à peine 30 ans, Markko Martin a annoncé, vendredi sur une chaîne télé de son pays, qu'il mettait un terme prématuré à sa carrière professionnelle en Championnat du Monde des rallyes. Une décision qui, selon l'Estonien, n'est pas directement liée au dramatique accident ayant coûté la vie à son équipier Michael Park, voici trois mois et demi lors de la dernière étape du Rallye d'Angleterre où le pilote Peugeot avait violemment heurté un arbre côté passager. «J'avais mûri cette décision avant l'été, avant la disparition de Michael. Je ne pensais de toute manière pas poursuivre ma carrière en Mondial au-delà de mes 30 ans fêtés en novembre dernier», a confié face aux caméras le moins souriant des pilotes de WRC. «Même sans l'accident, si Peugeot avait continué, j'aurais raccroché au terme de mon contrat, fin 2006», a précisé Markko après avoir néanmoins tenté de négocier son retour chez Ford avec qui il connut le succès. Mais malgré le dédit de 1,5 million d'euros payé par Peugeot pour rupture de contrat (la marque s'est retirée du WRC pour se consacrer à un programme axé sur le Mans), Martin n'a pas réussi à trouver de bon volant pour la saison à venir. Un ensemble d'éléments contraires ayant sans doute précipité l'avenir d'un rallyman parmi les plus talentueux de sa génération.
«Tout n'est qu'argent»
La triste évolution du WRC avec le retrait cette année de quatre constructeurs et l'arrivée en masse des pilotes payants n'a fait que conforter Martin dans sa décision: «Aujour- d'hui, tout n'est qu'argent... Le Mondial est devenu un marché. Si une équipe est soutenue par des sponsors de premier ordre et qu'elle dispose de budgets conséquents, elle peut s'attacher les services des meilleurs pilotes et tout gagner.»
Humble, Markko estime que sa carrière a largement dépassé ses espérances: «Lorsque j'ai débuté, je n'aurais jamais cru pouvoir évoluer un jour en Mondial, devenir pilote d'usine et remporter cinq victoires avec la Focus en 2003 et en 2004. En Estonie, tout le monde pensait qu'un pilote local n'aurait jamais l'opportunité d'atteindre un tel niveau.»
Mais comme il se plaît à le rappeler, «le rallye n'est pas tout»! Même lorsqu'il occupait le devant de la scène, le peu charismatique pilote de l'Est a toujours su prendre suffisamment de distance et s'est toujours dit surpris par le tapage qui se faisait autour de lui: «Mon but était de piloter, d'aller le plus vite possible, le reste n'avait que peu d'importance», avouait l'Estonien qui n'a jamais eu comme principal objectif de devenir champion du monde.
«Je n'ai jamais eu comme ambition de remporter quatre titres ni de rouler jusqu'à 40 ans. Le rallye est une phase de ma vie, un passage, mais certainement pas l'essentiel.»
L'ex-équipier de François Duval ne regrette qu'une chose: que tout se soit arrêté aussi brutalement, dans des circonstances dramatiques, le 17 septembre, peu avant midi, l'Estonien n'ayant plus repris le volant d'une auto de course depuis ce funeste dimanche: «Ma carrière professionnelle sportive se termine de la plus mauvaise des manières. J'aurais bien évidemment aimé partir autrement. Je suis sincèrement désolé de ce qui s'est passé mais je ne me sens pas coupable. Je sais parfaitement qu'il y avait une chance sur deux pour que cette fatalité s'abatte sur moi», concluait Markko qui se consacrera cette année au team de rallye qu'il a créé avec deux Subaru Groupe N alignées dans son championnat national pour deux espoirs. Une manière différente et nettement moins dangereuse de continuer à vivre sa passion.
Olivier de Wilde
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