La Fédération internationale de l'automobile (FIA) a choisi mercredi d'accabler Michelin dans le fiasco du Grand Prix des Etats-Unis de Formule 1, ce qui lui permet de ménager les écuries, d'assurer la poursuite de la saison 2005, et de préparer l'avenir du Championnat du monde.
"Nous ne pouvons pas imposer de pénalité à Michelin car nous n'avons pas de relation avec les équipementiers, sinon ils auraient été dans une situation très difficile", a lancé le président de la FIA, Max Mosley, après que le Conseil mondial eut laissé un sursis aux sept écuries liées au manufacturier français avant d'éventuellement les sanctionner pour avoir ruiné le GP américain, le 19 juin, en se retirant après le tour de formation.
"Nous ne pouvons pas imposer de pénalité à Michelin, mais nous pouvons les mettre sous pression à travers les équipes et c'est ce que nous faisons", a poursuivi Mosley.
Le Conseil mondial a en effet décidé d'attendre jusqu'au 14 septembre, soit après 16 des 19 GP de la saison, pour voir si les promesses faites mardi par Michelin de rembourser les spectateurs américains étaient tenues.
Dans le cas contraire, les sept écuries - Renault, Toyota, McLaren-Mercedes, Williams-BMW, BAR-Honda, Sauber-Petronas, Red Bull-Cosworth - paieraient l'addition.
Car même si "Michelin est responsable de ce qui s'est passé", les écuries "partagent techniquement cette responsabilité dans la mesure où elles doivent s'assurer d'avoir un bon équipement", selon Mosley.
Il a repoussé l'idée d'une "pénalité en points", préférant une "très lourde amende qui permettrait à la FIA de dédommager les spectateurs d'Indianapolis", ce qui constitue "la priorité numéro 1" de la FIA.
Selon une source proche de l'une des écuries, une sanction financière serait acceptée sans autre forme de procès, alors que le retrait de points provoquerait un séisme.
D'autant que cinq des grands constructeurs incriminés - Renault, Toyota, DaimlerChrysler (Mercedes), Honda, BMW - travaillent à l'élaboration d'un règlement pour 2008 et menacent de créer un championnat parallèle car ils refusent de "se faire imposer un règlement par la FIA" et réclament un meilleur partage des retombées financières de la F1.
En outre, le retrait de points aux écuries Michelin avantagerait artificiellement Ferrari, le seul grand constructeur à avoir refusé l'alliance avec ses pairs pour se ranger dans le camp de la FIA et de la FOM (Formula One management, l'organisme qui gère les droits commerciaux de la F1).
Michelin est dans la ligne de mire
Aussi, en laissant un sursis aux écuries qui risquaient jusqu'à l'exclusion immédiate du championnat, la FIA a peut-être voulu tendre une main aux rebelles, à moins qu'en leur fixant un ultimatum elle n'ait voulu leur tordre le bras...
La plus exposée des écuries était BAR-Honda, qui était sous le coup d'une exclusion avec sursis du championnat 2005 après le GP de Saint-Marin en avril.
Mais, là encore, malgré le verdict de culpabilité, la FIA s'est voulue étonnamment magnanime, elle qui s'est montrée si menaçante après Imola et si intransigeante à Indianapolis. "Les deux problèmes (à Saint-Marin et aux Etats-Unis) sont si différents qu'il n'aurait pas été juste de les lier", a commenté Mosley.
Enfin, cette façon d'accabler Michelin ne peut manquer de rappeler la volonté de la FIA de n'avoir qu'un manufacturier unique de pneumatiques à partir de 2008. "Et peut-être avant", a reconnu Mosley.
Il a en effet demandé que soient analysés tous les pneus Michelin montés sur des monoplaces accidentées "ces deux dernières années", y compris en essais privés. Si un de ces accidents est lié au même "défaut de structure" que celui apparu à Indianapolis, "pour des raisons de sécurité, Michelin ne sera plus autorisé à courir en Formule 1", a-t-il menacé.
D'après AFP
Accueil 
